Jeanne Puchol  
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Une page de Ringard !
Engagée et... navrée

En janvier 1985, plusieurs femmes dessinatrices remettent en question la presse BD de l'époque. Nicole Claveloux, Florence Cestac, Chantal Montellier et Jeanne Puchol cosignent Navrant, un manifeste publié dans Le Monde.

Extrait : "Navrante, cette soi-disant nouvelle presse percluse des plus vieux et des plus crasseux fantasmes machos. Navrant, de voir la plupart des journaux de bandes dessinées emboîter le pas, prendre le chemin réducteur de l'accroche-cul et de l'attrape-con. De la 'porno à quatre mains', au 'strip-tease des copines', en passant par 'l'étude comparative des lolitas', 'le roi de la tripe', 'les nouveaux esclaves', les 'mange-merde', les talents se déploient, virils. (...) Parce que nous aimons certaines bandes dessinées, parce que nous souhaitons que les journaux soient au service des créateurs et pas des seuls marchands, parce que ces derniers réduisent chaque jour davantage la place accordée à la création au profit de l'uniformisation, nous avons voulu réagir."

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Meurtres pour mémoire, page 19
Polars

Dessinatrice au trait sensible, Jeanne Puchol réalise également des illustrations pour des ouvrages de littérature, qu'ils appartiennent au domaine policier ou s'adressent à la jeunesse.

Ainsi, nous lui devons les dessins accompagnant les polars Groom de Jim Thompson (1983) et Meurtres pour mémoire de Daeninckx (1991).

Cabaret des espoirs

Tout en travaillant dans le domaine du story-board, elle continue la bande dessinée à la fin des années 1990.

En compagnie du scénariste Laurent Frédéric Bollée, alors débutant, elle met en scène le Cabaret des espoirs de 1993 à 1995.

Laissons à Bollée le soin de nous présenter cette histoire : "C'était un projet pour la défunte revue (A Suivre), et cela a marché puisque Jean-Paul Mougin, à l'époque son tout puissant directeur éditorial, l'a tout de suite accepté. Il s'agissait en fait de raconter le destin de sept personnages (six réels et un fictif) et de leur trouver un point commun, en l'occurrence un lieu par lequel ils seraient tous passés : un cabaret nommé Cabaret des Espoirs. J'étais associé à Jeanne Puchol, (...), illustratrice de grand talent qui avait pour cette série donné naissance à un coup de crayon difficile mais que j'ai toujours considéré comme génial. Jeanne avait alors un style qui faisait très (A Suivre) : un noir et blanc assez avant-gardiste, post-Futuropolis. L'idée était à la fois pédagogique (raconter une histoire vraie et mieux connaître le personnage), littéraire et ludique : alliez-vous reconnaître celui qui était l'intrus ?... "

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Magasine (à suivre) dans lequel est paru Asile Vénitien, une partie du Cabaret des espoirs
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Judette Camion, tome 1
Haro sur la bouchère !

Collaborant parallèlement avec d'illustres maisons d'édition (Gallimard, Nathan, Milan, Syros) et de célèbres magazines pour la jeunesse (Je Bouquine, Je lis des histoires vraies), la dessinatrice signe en 2000 Chimère chez PLG, avant de rejoindre la nouvelle collection Traits féminins des non moins jeunes Editions de l'an 2 qu'a créées Thierry Groensteen.

Le premier volet de Haro sur la bouchère ! met en scène une histoire intelligente et surréaliste. L'héroïne, déguisée en homme, évolue dans l'Espagne du 16ème siècle, la grande époque de l'Inquisition, en compagnie d'une attachante créature chimérique douée de parole. Tout en mêlant décor historique et questions actuelles, Jeanne Puchol signe une très belle fable picaresque qui ne ressemble à rien de connu... tout comme cette femme, créatrice d'une œuvre sensible et intelligemment atypique.

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Haro sur la bouchère !
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Le Poulpe
Artémisia

Deux ans plus tard, Jeanne Puchol renoue avec l’engagement féministe.

Avec Chantal Montellier et Marie-Jo Bonnet, elle crée l’Association Artémisia pour la promotion de la bande dessinée féminine qui remet chaque année un prix à une femme auteur.

"Pourquoi : Parce que la création BD au féminin nous semble peu connue et reconnue, peu valorisée et éclairée, quelques arbres surexposés cachant la forêt des talents laissés dans l'ombre ou à l'abandon.Parce qu’un regard féminin sur la production BD nous paraît essentiel.
Parce que se donner le pouvoir de reconnaître et non pas seulement de produire est un enjeu et un symbole des plus importants pour les femmes qui participent à cette aventure.
Parce que la BD destinée à tous et largement diffusée, reste un média dominé par l’imaginaire masculin, qui véhicule des stéréotypes écrasants." (Blog de l'association)

Jeanne Puchol assure la présidence d'Artémisia jusqu'en avril 2009 avant de prendre ses distances avec des personnalités dont elle ne partage plus l'état d'esprit.

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Assassins, tome 1
Assassins

Bien sûr, elle continue également à illustrer des albums de bande dessinée. Après un tome des Abîmes du temps sur un scénario de Rodolphe, elle enchaîne un triptyque avec le même co-auteur : Assassins. Le premier tome consacré au Docteur Petiot sort en 2009 :

« Le Docteur offre un portrait saisissant du fameux docteur Marcel Petiot, reconnu coupable d’un nombre impressionnant de meurtres avec préméditation (on lui en impute vingt-sept, il en revendiquera soixante-trois au cours de son procès!) et exécuté en mai 46. L’homme était pourtant terriblement complexe et contradictoire. Voleur, escroc, assassin, certes il l’était, mais, dans le même temps, soignait gracieusement les indigents et savait faire preuve, en certaines circonstances, d’un courage héroïque. Monstre, héros, et même auréolé d’une légende de résistant (il s’engage dans les Forces Françaises de l’Intérieur alors qu’il est en fuite, ses activités criminelles finalement découvertes par la police), le docteur Petiot était en tout cas un personnage hors norme, tout à la fois terrifiant et fascinant. » (Editions Casterman)

Jeanne d'Arc

La même année, Jeanne Puchol entame un autre projet avec Valérie Mangin dans la collection Sorcières. Codirigée par Lucien Rollin et Louis-Antoine Dujardin pour Dupuis, cette dernière ne publiera que des femmes auteurs. Le récit à venir est une variation ensorcelée sur la vie de ... Jeanne d’Arc :

« À la fin de la guerre de Cent Ans, Jeanne, une jeune paysanne lorraine, s’enfuit la nuit de son village. Elle rejoint la Vieille, une sorcière qui l’initie au culte des Anciens Dieux. Depuis toujours, l’adolescente rêve d’une vie de liberté et d’aventures. La mort atroce de sa tendre amie Marie lui fera-t-elle accepter le terrible pacte du Dieu Cornu et de la grande Déesse ? Jeanne d’Arc a-t-elle compris que pour vivre un an de violence et de gloire elle devra s’offrir au sacrifice suprême : le bûcher des sorcières ? »

En savoir plus...
Site des éditions Dupuis


Cette biographie est tirée en grande partie de celle publiée par Brieg F. Haslé sur le site Auracan.com

Pour en savoir plus sur Jeanne Puchol et ses nombreuses oeuvres, vous pouvez aussi et surtout aller lire son
Blog personnel

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Valérie Mangin, Lucien Rollin, Jeanne Puchol et louis-Antoine Dujardin
 

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mai 2011
Jeanne d'Arc
tome 1
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mai 2012
Moi, Jeanne d'Arc
intégrale




 
Cette page a été modifiée pour la dernière fois le mercredi 26 octobre 2016
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