Une faiseuse de miracles Lors de sa première venue parmi les mortels, Kerka apparut aux Huns sous l'apparence d'une jeune fille brune et majestueuse. Elle permit ensuite à ses adorateurs de la représenter sous cette forme humaine. De nombreux artistes essayèrent donc de rendre ce que les prêtres décrivaient dans leurs litanies comme “ses traits inimitables, sa grâce incomparable, sa beauté sans rivale”. La plus vénérée de ces représentations était la statue géante en marbre blanc posée devant l’entrée du temple de la déesse. Ses origines étaient mystérieuses. Son sculpteur l'avait déposé une nuit sans lune au milieu du camp hun de Ringum Primum. Personne ne l'avait vu faire. Il ne s'était jamais fait connaître. Mais la statue était adorée pour une toute autre raison. Le sixième jour de chaque semaine, après le coucher du soleil, elle accomplissait un miracle. |
Le visage de Kerka. |
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Le marbre et le chaos Tous les 6è jour, au crépuscule, les Huns se réunissaient devant le temple de Kerka en chantant des hymnes. Non seulement les prêtres étaient là mais aussi la foule des fidèles profanes. Une courte cérémonie avait lieu sans sacrifice sanglant. Les femmes et les guerriers, agenouillés, fixaient le sol. Ils fermaient les yeux pour prier avec ferveur. Il leur était interdit de se relever et de regarder en face la statue tant que les prêtres n'avaient pas achevé les rites d’usage. Aussi personne d'autre ne les connaissait. Aujourd'hui encore, ils demeurent un mystère pour nous. Après ce rituel secret, les beaux traits de marbre de Kerka se dissolvaient dans l’air comme l’eau se trouble quand on y jette une pierre. C’était pour les Huns un vrai prodige et, proprement, la descente de l’esprit du Chaos devant eux, parmi les mortels. |
Kerka et ses adorateurs. |
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Le vrai visage de Kerka Puis, loin de reprendre leur forme première, les traits de la statue se transformaient à nouveau. La pierre recevait la visite de la divine Kerka. Elle faisait, selon la tradition, “par le visible connaître l’invisible”. C’était le visage de chair et de sang de son incarnation passée et future qui apparaîssait aux yeux de tous les adorateurs. Mais il arrivait parfois que le miracle ne se produisît pas. C’était alors pour la statue comme une éclipse pour le soleil. Oktar, le grand-prêtre de Kerka, expliquait ce phénomène ainsi: “Le miracle s’arrête pour que personne n’imagine de causes naturelles à son accomplissement. Ainsi, cet arrêt nous est une garantie plus rigoureuse que nous sommes devant un fait miraculeux et surnaturel.”
D'après Publius Tacitus,Dans le temple de Kerka. |
Vision mystique de Kerka. |
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