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Au sujet de : Abymes
article paru originellement en janvier 2013
https://www.actualitte.com/critiques-bd/quand-honore-de-balzac-se-changeait-en-meurtrier-2014.htmAbymes : Quand Honoré de Balzac se changeait en meurtrier
Dans un monde parfait, Honoré de Balzac n'a pas eu de sang sur les mains, ne s'est jamais fait tourner en bourrique par une publication, La revue de Paris, qui dévoile les plus intimes parties de sa vie. Mieux (ou pire), la publication semble savoir quelles sont ses actions, de telle sorte que les voilà publiées et lues par le Tout-Paris, d'un matin à l'autre...
L'affaire est inquiétante, et nécessite qu'Honoré, parti au loin pour achever La peau de chagrin, rentre immédiatement sur Paris. La moustache en bataille, le cheveu noir de jais, le romancier croit d'abord à la plaisanterie, puis se vante d'une publicité rare : qui a la chance de voir sa biographie publiée de son vivant ? Mais rapidement, l'affaire tourne au cauchemar, alors que la Revue de Paris raconte comment Balzac passe sa nuit avec une prostituée.
Le scandale n'est pas long à venir, et voilà que l'écrivain met le doit dans un engrenage qui va l'entraîner à directement sous la guillotine. Une bien vilaine histoire, pour Honoré.
Soupçonnant tour à tour sa femme, son majordome, son ancien nègre, allant jusqu'à menacer l'éditeur de la Revue, Balzac devient fou, littéralement, et plonge dans une incroyable histoire, par un processus bien connu des étudiants de Lettres : la mise en abyme. Par ce procédé, on joue au reflet, qui devient plus vrai que la réalité, et en dévoile des facettes inattendues.
La saga amorcée par Valérie Mangin est à ce titre fantastique : trois créateurs vont subir le jeu de la mise en abyme, et trois dessinateurs lui donneront un coup de main dans cette aventure. Ici, pour le premier tome, c'est Griffo qui ouvre le bal, et donne à Balzac une envergure étonnante.
En relisant l'histoire de Balzac à l'aune de cette incroyable biographie, que le romancier lit au quotidien, et qui le prend complètement au dépourvu, on navigue dans des eaux bien troubles. Le tout s'avale, non s'engloutit, à toute vitesse, et devient une obsession mortelle.
Avec un rythme solide, l'atmosphère de ce XIXe siècle balzacien est fantastique. On appréciera plus encore les jeux sépia qui racontent les fameux passages biographiques, rendant le pauvre Balzac littéralement malade.
A découvrir sans tarder.
Florent D.
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