Au sujet de : Rayons pour Sidar - tome 1 article paru originellement en mai 2014 http://chrysopee.net/
Une sidarante adaptation
Avec Rayons pour Sidar, les éditions Ankama poursuivent leur jubilatoire adaptation au neuvième art de l’œuvre de Stefan Wul. 12 romans, 12 séries menées par 12 duos différents… tout un programme!
Guidé par un indigène, Lorrain, un terrien, sillonne la jungle épaisse et hostile de Sidar à la recherche de Lionel, son double robotique qui a mystérieusement disparu… Assisté dans sa quête par le Résident, un administrateur envoyé par le gouvernement terrien, il va devoir affronter de mortelles créatures alors qu’une guerre coloniale se profile sur Sidar que la Terre s’apprête à abandonner à son triste sort devant l’avancée des Xressiens, un peuple de conquérant et destructeur…
Troisième dans l’ordre de parution, ce roman de l’un des maîtres de la SF français explore une fois de plus le pouvoir inquiétant que l’homme exerce sur la nature sur fond de colonialisme. Dans le même temps, il s’interroge sur ce qu’est l’identité à travers les androïdes, doubles cybernétiques des hommes qui évoquent, par certains aspects, le portrait si cher à Dorian Gray dans le roman éponyme d’Oscar Wilde… Car le robot renvoie à l’humain dont il fut le double l’image de sa jeunesse envolée…
Valérie Mangin a choisi de ne pas édulcorer le récit de Wul de son colonialisme latent. Wul a beau être un écrivain se projetant dans le futur pour y esquisser de nouveaux mondes, il n’en reste pas moins un homme de son temps. Pour comprendre le propos de l’auteur, il ne faut pas perdre de vue que le roman fut publié en 1957, en plein cœur de la guerre d’Algérie et ce n’est pas pour rien si la colonisation occupe dans de nombreuses de ses œuvres de Wul une place prédominant. Le romancier oppose dans Rayons pour Sidar une colonisation « positive » (celle des terriens) à une autre destructrice (celle des terrifiants Xressiens), sans pour autant remettre en cause les fondement même de la colonisation, qui sous-entend la supériorité d’un peuple sur un autre… Néanmoins, dans sa folle quête, Lorrain, grand dadais naïf, a un constant besoin des autochtones, seuls à même de survivre dans cette nature hostile…
L’adaptation du roman de Valérie Mangin s’avère très pertinente et pleine d’ « inventivité respectueuse » alors que le dessin d’Emmanuel Civiello est, comme toujours, de toute beauté. Il donne à voir et à ressentir une végétation luxuriante et une faune inquiétante avec un évident talent. Ses planches sont tout juste magnifique et, plus qu’un auteur de BD, il fait partie de ces créateurs d’univers dont les pinceaux plein de finesse et de magie esquissent les contours d’un monde…
Ce nouveau duo d’auteur s’est emparé avec brio du roman de Stefan Wul pour créer une œuvre originale, captivante et dépaysante qui ne fit que confirmer tout le bien que l’on pense de cette délicieuse collection que sont les univers de Stefan Wul…
Staff
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