Commandée par Ava, l'armée rouge pénètre par la porte sibérienne des enfers, sus à Belzébuth et à ses suppôts. Un périple satanique qui semble hors-sujet, maladroit et grand-guignolesque... Aïe aïe aïe !
L'histoire : Printemps 1961, au Kremlin. Après s’être fait expédié l’âme dans une dimension parallèle, grâce aux capacités surnaturelles de Dimitri, Chélépine est définitivement envoyé en « maison de repos ». Il est remplacé à la tête du KGB par le camarade Vladimir Iefimovitch. Le pays est alors sous la menace de Von Ausch, le savant qui a mené le programme de recherche spatiale soviétique. Car depuis la base de Baïkonour, ce dernier est devenu incontrôlable et pour cause : il s’agit de Belzébuth en personne ! En relation avec le premier secrétaire Khrouchtchev, Iefimovitch met secrètement en place une mission totalement dantesque : faire pénétrer une colonne de chars dans les enfers, depuis la porte située en Sibérie, avec pour objectif d’éradiquer le démon et ses suppôts ! A la tête de l’expédition, Ava Kirovna semble avoir le profil idéal pour mener à bien cette incroyable campagne chtonienne. A moitié sorcière, elle a en effet jadis assisté Von Ausch dans ses expériences interdites. Sitôt passée la porte, la troupe se trouve alors au centre d’un gigantesque double pentacle, donnant sur 10 portes démesurées. Ava est formelle : 5 d’entre elles donnent sur un endroit différent de la terre, les 5 autres permettant d’entrer dans un royaume infernal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD : Le titre de ce 3e opus est à prendre au sens strict du terme : ici, l’armée rouge soviétique pénètre physiquement en enfer et attaque Belzébuth et ses sbires avec ses petits chars d’assaut ! Si par définition, le genre fantastique permet tous les excès, il ne préserve pas du grand-guignolesque… Mais bon, après tout, pourquoi pas. Un groupe d’humains mène donc une guerre, à l’aide de jouets matériels, contre le diable, entité immatérielle toute-puissante. Cette quête improbable prend pour cadre le macrocosme lovecraftien et ses outrances, un univers où il est anodin de croiser Dagon (père des profondeurs dans le mythe de Cthulhu) et d’autres grandes figures du satanisme, tels que Lucifer, Bélial, Hermès trismégiste et Lilith. Nonobstant, tout cela n’a que peu à voir avec le KGB et n’emporte toujours pas l’adhésion. D’une part, la narration parait bien sommaire : le fond de l’intrigue n’est explicite que parce que les personnages monologuent pour nous la délivrer. D’autre part, nombre de lecteurs se seront laissés dupés par l’acronyme KGB, trompeur, regrettant qu’il ne s’agisse d’un thriller d’espionnage appuyés sur des faits historiques. Historienne de formation, Valérie Mangin est assurément surprenante dans ses choix scénaristiques. Au dessin, si Malo Kerfriden livre un trait réaliste relativement correct et tout à fait lisible, il ne semble pas inspiré outre mesure par ce registre guerrier satanique à la sauce fantasy. Parait-il, deux tomes restent à venir pour peut-être sauver une série toujours pas convaincante…
Benoit Cassel
Faire un lien vers cet article : ./infos.-revue_de_presse.html?direct=presse:52