La bande dessinée, un art mineur ? Après la lecture de ce premier tome de la série Abymes, la réponse est claire pour moi! Concilier images et mots, en parfaite complémentarité pour le plaisir du lecteur, cela relève d’un art majeur, celui d’offrir toutes les émotions et la sensibilité de la peinture et de la poésie. Les mots nous charment; les images nous font rêver. Le texte nous raconte une histoire; l’image nous l’illustre et nous amène plus loin. Tout comme les autres genres littéraires, la bande dessinée nous raconte une histoire, nous divertit, nous informe et peut même nous touche par sa poésie. En plus, elle nous permet de revisiter nos classiques, de revoir avec bonheur, ce qui nous a charmés, ce que l’on a aimé, les auteurs qui nous ont marqués. Abymes est un exemple extraordinaire de cette polyvalence.
Valérie Mangin a imaginé cette série de trois albums pour illustrer et faire vivre au lecteur, les plaisirs de la mise en abyme. Trois albums, trois sujets, trois personnages, trois illustrateurs différents.
Le premier auteur présenté est Honoré de Balzac. Le deuxième sera le cinéaste HenriGeorges Clouzot. Enfin, Valérie Mangin se mettra ellemême en scène dans son troisième album.
Mai 1831, Paris vit au rythme du feuilleton écrit par Honoré de Balzac. En ce matin du 29 mai, tout bascule ! Dans le journal du matin, le père de la Comédie humaine, voit sa vie étalée au grand jour. À la place de la Peau de chagrin, il retrouve sa propre histoire avec un personnage qui lui ressemble étrangement et qui se nomme Honoré Balzac, sans la particule. De jour en jour, et très précisément, le toutParis, se gausse des méfaits, des colères et des infidélités de l’auguste écrivain.
Qui peut bien écrire ce feuilleton ? Qui est assez proche de lui pour décrire dans les moindres détails ce qui se passe dans la vie de ce «cher» et «aimable» Honoré? Commence alors une enquête aux drôles de rebondissements. Honoré de Balzac recherche l’auteur de cette mise en abyme mettant en vedette son alter ego ... plus «ego» que «alter» ! Tout s’écroule autour de lui: les relations avec sa femme Louise qui découvre ses frasques sexuelles; sa complicité perdue avec son éditeur et les soupçons de toutes les personnes de son entourage. Sa vie tourne au cauchemar.
Tous les matins, le feuilletoniste mystérieux dévoile des aspects peu édifiants de la vie de l’auteur ! Avec tous les détails !
Malgré quelques contorsions imposées à la vérité, vous serez amusés par ce récit et la finale vous surprendra. L’histoire est très intéressante; on pourrait même la qualifier de polar historique. On en voudrait encore ! Assurément !
Les illustrations de Griffo sont magnifiques. La représentation du Paris du XlXe siècle est superbement rendue; les illustrations sont belles, évocatrices et chacune attire le regard. L’atmosphère traduite par le dessin et le choix des couleurs amplifient la valeur historique et littéraire de l’album, un complément agréable et esthétique à l’histoire de Valérie Mangin. Le dessin de Griffo ajoute à la profondeur des personnages; on y croit, on se laisse prendre et on admire !
Inutile de vous dire que je vous recommande grandement cet album pour les multiples plaisirs de lecture qu’il procure ! À lire et à relire en attendant le deuxième tome de cette série.
En ce qui me concerne, je me ferai un plaisir de continuer ma découverte de l’univers de la bande dessinée en recherchant le dernier album de Griffo, L’oracle della luna de Frédéric Lenoir (Voir la bande annonce à la fin de cette chronique).
Je vous souhaite une bonne lecture. Et une belle découverte !
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