Et si demain vous trouviez une BD dont vous êtes le héros et l’auteur? C’est ce que raconte Valérie Mangin avec un procédé de mise en abyme passionnant.Valérie Mangin a encore frappé. Et pour cause, ce troisième et dernier volume d’Abymes achève une série surprenante publiée depuis janvier chez Dupuis/Aire Libre (lire les critiques précédentes ici et là). La scénariste se met en scène elle-même dans une autofiction qui joue constamment avec le principe de mise en abyme. Elle décrit sa vie, de 1993 à aujourd’hui, depuis ses recherches d’étudiante jusqu’à son travail de scénariste de BD, en passant par son couple avec Denis Bajram, le dessinateur de ce volume.
Mais c’est quoi, la mise en abyme ? La représentation d’une œuvre dans cette même œuvre. C’est le procédé complexe du miroir dans le miroir, qui joue son reflet a l’infini. Ici, la mise en abyme repose sur le principe de la BD dans la BD : dans le récit, Valérie Mangin découvre la bande dessinée que le lecteur tient entre les mains. Mais elle va plus loin en incluant également celles précédemment publiées chez Dupuis, les fausses biographies sur Balzac et Clouzot. Elle part du coup d’une situation a priori réaliste pour y intégrer des éléments extraordinaires : l’apparition de ces BD signées par elle et parues en 2013, dans le futur.
Quid de l’auto-représentation ?
Cette mise en abyme est évidemment la grande force de ce triptyque, dans l’ensemble plutôt bien mené. Mais là où les deux premiers volumes se voulaient des sortes de fiction policières aux dénouements certes surprenants mais toujours éloignés du fantastique, ce dernier tome trempe pleinement dans la science-fiction. Le récit fait un bon dans le futur en guise de chute : un peu trop rapide et moyennement convaincant. C’est dommage pour ce cycle qui, jusqu’ici, fonctionnait à merveille.
Ce qui est assez fort, c’est qu’on ne sait jamais vraiment si ce qu’on lit est autobiographique ou totalement fictif. Par exemple, il est vrai que Valérie Mangin et Denis Bajram, en couple dans la vie, ont collaboré ensemble sur des projets de BD. C’est eux ensemble qui ont créé les éditions Quadrants. On ferme cette BD en se questionnant sur les véritable intentions de la scénariste, tout au long de ce cycle ponctué par les styles graphiques de trois dessinateurs. Car Valérie Mangin y devient un véritable objet de fiction réapproprié par le lecteur. Comme si, en se fictionnalisant, elle se métamorphosait en un personnage justement irréel et physiquement éloigné du lecteur.
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