A peine deux mois après la parution de la première partie, sa suite déboule déjà dans les librairies (et la troisième, dessinée cette fois par Bajram, était annoncée pour fin mars). D’où l’avantage pour un scénariste de travailler avec plusieurs dessinateurs en parallèle !
Je parlais ci-dessus de suite mais le terme n’est pas le plus approprié car cette deuxième partie ne poursuit en effet pas le récit entamé avec son prédécesseur. En fait, chaque épisode peut se lire indépendamment des autres mais ils se font écho, s’enrichissent, en quelque sorte, mutuellement. Dans ce tome 2, l’écho en question c’est Balzac. Car Henri-Georges Clouzot, le célèbre réalisateur à la réputation sulfureuse, a décidé de mettre la vie du grand romancier en scène sans occulter son côté obscure (entrevu dans la première partie). Mais le tournage s’avère des plus compliqués : à part son producteur, qui a bien l’intention de le soutenir jusqu’au bout, tout le monde semble se liguer pour que le film ne voit pas le jour. Il y a tout d’abord ces manifestants, qui empêchent les acteurs d’entrer dans les studios, exigeant que le « collabo » (Clouzot avait travaillé pour la Continental de Goebbels pendant la guerre) arrête de tourner. Et pire encore : ces scènes « pirates », tournées à son insu, montrant Clouzot en train de menacer violemment sa compagne, l’actrice Suzy Delair, ou l’acteur Blier rejoignant cette même actrice, nue, dans sa loge, que l’équipe découvre lors du visionnage des rushs...Une bien mauvaise publicité pour Le Mystère Balzac ! Quoique...
Une deuxième partie réussie –le dessin sombre de Malnati, avec ce trait ondulant, est tout à fait adapté à l’ambiance faite de paranoïa et de tension et la narration de Mangin est maîtrisée de bout en bout- même si elle enthousiasme moins que son prédécesseur. C’est cependant logique car comparé à ce dernier, il lui manque un élément essentiel : l’effet de surprise, Mangin réutilisant ici les mêmes ressorts que dans la première partie : brouillage des frontières entre faits historiques et fiction, choix d’un créateur certes reconnu pour son œuvre mais à la personnalité et à la réputation troubles comme « héros » et espionnage (la fameuse mise en abîme du titre) de leur vie pour mettre à jour leurs zones d’ombre. Mais la troisième partie, centrée cette fois sur Valérie Mangin elle-même, pourrait de nouveau nous réserver une surprise...
Sullivan
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