Une trilogie, trois dessinateurs et une scénariste. Valérie Mangin décline à travers trois albums le thème de la mise en abyme. Des volumes imbriqués en jeu de miroirs pour un exercice de style scénaristique original mais périlleux.La narration en bande dessinée peut tout. C’est ce que montre encore une fois la trilogie imaginée par Valérie Mangin autour de la mise en abyme d’un vie fantasmée d’Honoré de Balzac.
Trois albums, trois perspectives
Chaque album de cette trilogie est indépendant même si chacun est une mise en abyme de l’autre. Mais le jeu ne s’arrête pas là et Valérie Mangin s’amuse à l’intérieur de chacun des volumes à créer des mises en abymes à tous les niveaux.
Dans le premier tome, on découvre un Balzac jeune, auteur à succès publiant ses romans feuilleton dans la revue de Paris, et travaillant alors sur La Peau de Chagrin. Seulement, sans prévenir, à la place de son oeuvre dans les pages de la revue littéraire, un autre feuilleton est publié et raconte sa vie passée et ses réactions présentes. Une farce qui vire au cauchemar pour le célèbre écrivain menée par le dessin très convaincant et semi réaliste de Griffo.
Loïc Malnati poursuit au dessin dans un second tome cette mise en abyme de la vie de Balzac. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le cinéaste Henri-Georges Clouzot joue sa réputation avec le tournage de son prochain film, Le Mystère Balzac, alors qu’on lui reproche ses positions pendant l’Occupation. Là encore un plaisantin s’amuse avec les rushs sur le tournage, jouant avec les nerfs du célèbre réalisateur.
Propulsée dans un monde contemporain, le troisième tome met cette fois en abyme, Valérie Mangin, elle-même. Encore étudiante elle tombe par hasard sur les deux premiers tomes d’Abymes alors qu’elle rédige sa thèse sur Balzac. Au dessin, son propre compagnon, Denis Bajram ajoute encore au vertige de cette mise en scène qui a tous les attributs du réel.
Un concept périlleux
Si les deux premiers albums annonçaient des perspectives fascinantes, la résolution proposée dans le troisième déçoit et la trilogie passe finalement à côté de son sujet, la mise en abyme. Car au lieu de susciter le vertige, elle se referme sur elle-même sans proposer d’ouverture sur l’infini ni véritablement dérouter le lecteur. Pourtant, l’exercice était osé et la cohérence du scénario vaut le détour.
lecalamarnoir
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