Pour commencer, on peut reconnaitre au scénario une meilleure construction que celui du premier tome. Ici, les personnages sont bien travaillés et le déroulement de l’action est prenant. Ceci s’explique par une bonne linéarité de l’histoire qui ne souffre pas d’éléments inutiles ou mal expliqués. Il n’y a qu’une trame dans cet album et le reste n’est là que pour l’étoffer. Étant donné la faible longueur de l’album, c’est un choix prudent et raisonnable. Plutôt que d’avoir une multitude d’histoires, nous n’en avons qu’une seule mais elle est complète et fournie.
Notons également l’ancrage historique de l’album qui est très bien représenté. L’auteur a choisi de baser son histoire dans une période qu’elle reproduit très bien et qu’elle exploite également avec une belle réussite. Le contexte de la France d’aprèsguerre est difficile à retransmettre et pourtant Valérie Mangin a réussi son coup. Elle a décidé de n’en donner que quelques morceaux, surtout sociaux et politiques, de cette atmosphère mais elle les utilise très bien. On peut cependant regretter la tentation de céder à un manichéisme trop facile entre d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Mais l’histoire, bien qu’elle flirte avec ce penchant, ne tombe pas trop dans ce piège.
Ce bon rendu de l’univers de la France d’aprèsguerre est aidé par un style de dessin qui correspond très bien à ces temps troublés. Le style des décors et les tons de couleurs choisies correspondent bien à l’image que l’on peut s’en faire ce qui permet de faciliter l’immersion dans l’histoire. Un autre bon point à signaler concernant le dessin c’est son soin et sa cohérence par rapport au style du premier tome assuré par un autre dessinateur.
Néanmoins, on peut refaire une critique semblable au premier tome à savoir le manque d’exploitation à ce qui devrait être le cœur de la série, le procédé de mise en abyme. S’il est vrai que l’on remarque la volonté de l’auteur de mettre ce procédé au centre de l’œuvre, cela reste insuffisant et ceci peutêtre encore plus que dans le premier tome.
Cet album reste quand même intéressant à lire pour l’histoire qu’il propose, à la fois simple et prenante. Les amoureux de Maupassant apprécieront grâce à la tension entre réalité et fantastique qui brouille les pistes.
Romain Delannoy
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