Au sujet de : Mortemer article paru originellement en août 2008 www.sceneario.com
Mortemer
Bienvenue dans un des lieux réputés pour être les plus hantés de France ! Brrr... Mortemer... Rien que ce nom, qu’on imagine être porteur d’une certaine histoire du site, donne des frissons. Pas étonnant, dès lors, que ce soit dans la nouvelle collection "Hanté" des éditions Soleil que paraisse ce one-shot scénarisé par Valérie Mangin et dessiné par Mario Alberti.
Mortemer est une fiction fantastique. Pas de doute, puisque dès la première vignette on est dans les années 2050. Et quoi ? Si des fantômes existent depuis des siècles, hantant manoirs et autres landes désertes, avoir imaginé cette histoire dans le futur n’est pas pour autant à côté de la plaque et s’impose même comme étant originale.
N’empêche que c’est peut-être cette situation dans le temps qui rend moins angoissant le suspense. Avoir transformé le domaine de l’abbaye en une sorte de Ghost Land, avoir mis en scène quelques personnages funky comme la présentatrice de télé, ou avoir choisi de faire évoluer les fantômes la tête en bas rendent effectivement moins forte la notion d’épouvante. D’autant plus que rien, finalement, ne justifiait vraiment ce choix du futur : le récit aurait pu faire le même effet s’il s’était déroulé au présent. Peut-être plus d'effet, même, puisque l’abbaye de Mortemer existe bel et bien et que le lecteur peut s’y rendre pour retrouver les décors de la BD - mais sans le parc d’attractions. Dès les premières planches, le lecteur est d’ailleurs invité à vérifier sur internet que le background n’est pas en carton-pâte et que même en ne tapant que le mot Mortemer dans un moteur de recherche d’images, on tombe assurément sur différents visuels ciblés : les bâtiments de l'abbaye, bien entendu, mais aussi cette fameuse Dame Blanche qu’on croisera dans l’album...
Les auteurs se sont donc plus fait plaisir qu’ils n’ont voulu nous horrifier en orientant leur thriller vers le moderne, voire la comédie (le parc, le mariage costumé, le tabloïd...)
Mais cela n’enlève pas que cette œuvre est en soi un véritable tour de force artistique puisque par ces costumes, par exemple, mais aussi par l’utilisation d’une palette de couleurs assez sombres, d’un récit planté dans un futur un peu excentrique on assiste en fait à toute une aventure qu’on situerait plutôt au Moyen-Age si on n’avait que survolé l’album ! Comme quoi les ambiances, si elles sont spéciales, sont maîtrisées et là encore, soulignent l’originalité du projet. Reste à savoir maintenant si la collection Hanté restera dans ce style à cheval entre deux registres ou si elle finira ou non par axer son offre sur du hanté plus classique...
Mortemer est pour ses auteurs un pari qu’il fallait faire. C’est pour les lecteurs un one-shot pour frissonner sans avoir peur d’aller se coucher ensuite.
A noter qu’à la fin de cet ouvrage comme de chacun des autres de la collection Hanté, vous trouverez un cahier supplémentaire de textes et de photos de repérage prises par les auteurs.
Sbuoro
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