Au sujet de : Destins - tomes 4 et 5 article paru originellement en septembre 2010 www.actuabd.com
Destins, tomes 4 et 5
Ellen doit-elle tenter d’endosser jusqu’au bout son passé criminel ou devrait-elle demeurer auprès de son fils qui a tant besoin de soutien ? Nouveau dilemme intéressant pour une série innovante, mais qui baisse malheureusement en tonus.
Cette nouvelle série thématique de Frank Giroud, le ’papa’ du Décalogue, innove en proposant de suivre les choix de vie de son personnage principal, Ellen. Dans les trois ’premiers’ tomes, on présente son erreur de jeunesse, un hold-up politique qui dégénère. Dix-sept ans plus tard, alors qu’elle est à la tête d’une ONG renommée, son passé la rattrape car une innocente est condamnée à sa place au couloir de la mort. Les tomes 2 et 3 abordent ce premier choix : revendiquer son passé criminel ou sacrifier cette femme en se consacrant uniquement à son action humanitaire.
Les volumes 4 et 5 sortis récemment présentent le dilemme posé à la fin du tome 2 (vous suivez toujours ?) : le fils d’Ellen ayant mis volontairement le feu à son école, doit-elle néanmoins continuer à assumer sa faute passée (T4 : Paranoïa) ou demeurer près de sa famille et laisser une innocente périr sur la chaise électrique (T5 : Le Fantôme) ?
Paranoïa apporte un élément intéressant : le parti politique du mari d’Ellen fait pression sur l’establishment américain pour éviter qu’elle n’endosse sa faute. S’ensuit un jeu du chat et de la souris motivé par la culpabilité de la jeune femme et fort bien mis en scène par un Daniel Hulet qui aborde des sujets qui le tiennent à cœur : désarroi, combat intérieur et ambiance effrayante.
Le fantôme est plus statique, bien que fort bien mis en scène par un Corbeyran efficace, livrant un découpage habile et audacieux : Ellen demeure auprès de son fils pyromane et n’empêche pas l’exécution d’une innocente. C’est son fantôme qui revient la hanter. (On notera que les deux auteurs, Corbeyran et Espé, viennent également de publier la première adaptation du roman de Marc Levy, Sept jours pour une éternité, mais nous vous en reparlerons).
Malgré un effort affirmé des scénaristes (Valérie Mangin et Eric Corbeyran), ces deux tomes souffrent d’une baisse de punch par rapport à la trilogie introductive : on suit les éléments avec intérêt, tout en regrettant qu’il n’y ait pas plus de matière à développement. Peut-être est-ce justement le ’piège’ du concept ? En ayant reçu le début et la fin de chaque tome, certains scénaristes ont bénéficié d’une trame plus riche que d’autres ?
Le cadre devrait pourtant fort bien changer dans les prochains albums à paraître dans quelques jours, lesquels développeront le destin africain.
Charles-Louis Detournay
Faire un lien vers cet article : ./infos.-revue_de_presse.html?direct=presse:90