Septembre 1946, la seconde guerre est encore dans toutes les mémoires d’un Paris fraichement libéré. Ce soir, doit avoir lieu la grande première du nouveau film d’Henri-Georges Clouzot, le Mystère Balzac. L’auteur tarde pourtant à se montrer...
Quelques mois auparavant, le procès Petiot est en Une de tous les journaux parisiens. Le producteur du film, Barrant-Rondeau, débarque à Bayeux où Clouzot réalise son film dans un climat tendu. A l’extérieur, Gaullistes et communistes lui reprochent son implication avec l’Allemagne durant la guerre, à l’intérieur, ses relations avec l’actrice jouant le rôle de l’épouse de Balzac sont de plus en plus conflictuelles. D’autant qu’en visionnant certains rushes, il découvre des scènes qu’il n’a jamais tournées...
Avec ce deuxième volume, le concept de la série se dévoile davantage. Dans le premier tome, on tournait autour d’un écrit décrivant Balzac découvrant celui-ci. Ici, le principe est sensiblement le même, avec un nouveau média : le cinéma. Clouzot découvre donc des scènes, non pas de son présent, maisqui vont pourtant clairement bouleverser et influencer celui-ci. Surtout, le lien se fait avec le premier tome puisque le film tourné traite justement de Balzac, en mettant en avant certains passages dévoilés alors...
Ce qui me gêne ici, c’est qu’à mesure que ce concept se dévoile, il me parait perdre de sa subtilité et de sa pertinence. Le film de Clouzot traite de Balzac, certes, et alors ? Avant de me faire un avis tranché et définitif à ce sujet, j’attendrai tout de même de voir ce qu’apporte à ce niveau le troisième tome. Laissons à cette série le bénéfice du doute, même si je suis tout de même moins emballé ici que par le premier tome...
Comme ce dernier nous plaçait au cœur de la vie de Balzac, au cœur d’une époque mais aussi au cœur de tout ce qui pouvait toucher à la littérature et à l’imprimerie, avec un caractère très immersif, ce deuxième album nous immerge dans une époque. L’après-guerre et ses méfiances, cristallisées ici par le procès Petiot. Une époque donc, mais aussi, une fois encore, un milieu, le cinéma, et toutes les professions que l’on découvre, à travers les studios de Boulogne, les rôles de chacun...
Passé ce côté « didactique », place à l’enquête, sur les mêmes bases que précédemment. Clouzot découvre des scènes qu’il n’a pas tournées. Sont-elles réelles, s’agit-il de montages ? Les conséquences que leur visionnage entraine auraient-elles eu lieu si Clouzot ne les avait pas vues ? De nombreuses questions subsistent encore une fois ! Ici encore, V. Mangin joue avec l’objet en lui- même, le cinéma en l’occurrence et le pouvoir des images, réelles ou truquées. Clouzot en tout cas, s’y laisse prendre, le lecteur, avec une vague impression de déjà vu, un peu moins...
Même principe de folie et de déchéance progressive, même si elle semble plus personnelle cette fois, mêmes doutes sur l’auteur de ces scènes, mêmes questions sur les réelles motivations de celui-ci : destruction du personnage ou gros coup de pub pour le film ? Encore une fois, le tout marche plutôt bien, mais juste moins que pour le tome précédent, comme si on avait pour celui-ci davantage de clefs en mains. Les mêmes recettes et donc, fatalement, davantage de redites, moins de surprises et l’aspect tortueux du premier, si intéressant, en moins...Même graphiquement, j’ai nettement préféré le premier tome. Sans doute s’agit-il aussi d’affinités esthétiques personnelles différentes en ce qui concerne les deux époques traitées. Sans être pour autant véritablement déçu, je suis juste clairement moins emballé par ce deuxième album. Celui-ci étant d’ailleurs moins clair à ce niveau, je suis désormais un peu perdu au sujet du concept général de la série. Plus qu’à attendre, curieux malgré tout, ce troisième tome pour avoir, peut être, des réponses convaincantes...
C…
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