Au sujet de : Petit Miracle - tome 2 article paru originellement en novembre 2004 www.planetebd.com
Petit Miracle
Les années de la terreur, retranscrites à travers la vie d'un jeune garçon né décapité (!), affirmant être l'incarnation du mal ! Une série originale, intelligente, instructive et élégante !
L'histoire : Le jeune Denis a une particularité physique prodigieuse, en raison de conditions particulières liée à sa procréation. Il est le fils d’une nonne et du chevalier la Barre, déjà décapité au moment de l’acte ! Il peut donc se détacher la tête du reste du corps et continuer à vivre ainsi sans aucune gêne. Surnommé « le petit miracle » par Talleyrand, il a été successivement phénomène de foire, cobaye de la reine Marie-Antoinette, sujet d’exorcisme public et se retrouve aujourd’hui enfermé dans une geôle dorée de la Bastille. Mais à la veille de la révolution française, il sent que l’heure de la vengeance a sonné. Ami intime du docteur Guillotin, il pousse ce dernier à finaliser son invention, censé alléger les souffrances des condamnés lors de la décapitation (par la guillotine). La monarchie renversée, Denis se réfugie chez ce dernier et se refait une santé financière en s’appuyant sur ses lettres de noblesse. Un beau jour, il explique en confession à Talleyrand ses desseins diaboliques. Lui vivant, il n’aura de cesse de multiplier les décapitations, d’amplifier la terreur, de répandre le sang du genre humain tout entier. Il est… l’antéchrist !
Ce qu'on en pense sur la planète BD : Au départ surprenante, l’idée de cette série est en fait originale et rondement menée. Denis la Barre est la métaphore personnifiée d’expressions du type « l’homme est un loup pour l’homme », « l’enfer est pavé de bonnes intentions » … Il est la terreur et la haine personnifiées, véhiculées par les partisans des évolutions dans la douleur. Le scénario de Valérie Mangin (Le Fléau des Dieux), historienne de formation, nous fait traverser ces sanglantes années à travers moult anecdotes méconnues. Les doubles pages aux versos des couvertures replacent judicieusement le récit dans la réalité historique. Voici donc Guillotin, qui donna son nom à l’engin de mort ; Talleyrand, évèque-diplomate protégé du chaos politique par ses dons d’opportuniste ; le vicomte de Barras, banquier enrichi sur le dos de la terreur… et tant d’autres ! Le personnage invraisemblable de Denis, immortellement jeune, au visage de poupon et aux desseins diaboliques, n’est qu’un prétexte pour nous faire réfléchir sur la destiné de l’humanité. Paradoxalement, celle-ci prit au lendemain du siècle « des lumières » un visage bien obscur. Le dessin de Griffo (Giacomo C.) se marrie à merveille avec les mœurs, décors et habits de l’époque. Ses couleurs chaudes, son trait juste et enjoué, parachèvent cette série fantastique à part, intelligente et élégante.
Benoit Cassel
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