Que se passe-t-il après la mort ? Pour le savoir, une équipe de scientifiques, de religieux et de militaires part explorer le tunnel de lumière dont témoignent ceux qui ont traversé une expérience de mort imminente.
L'un des moteurs les plus puissants pour aider un lecteur à tourner les pages d'un album (et à vrai dire, la recette fonctionne aussi bien pour les chapitres d'un roman ou les minutes d'un film), c'est de l'empêcher de deviner ce qui va se passer dans la suite de l'histoire. Plus l'enjeu est énorme et moins il est prévisible, plus on est accro. Simple en théorie, redoutable en pratique
Le tunnel de lumière
Pour leur nouveau dyptique, Denis Bajram (oui, oui, celui à qui l'ont doit la saga de SF phénoménale Universal War One) et sa compagne Valérie Mangin (dont on a parlé ici pour son projet Abymes en trois volumes dans la collection « Aire Libre » de Dupuis) ont choisi un sujet idéal : une équipe de scientifiques entreprend d'explorer le tunnel de lumière dont parlent tous ceux qui ont survécu à une expérience de mort imminente.
Quel lecteur n'a pas envie de savoir ce qui se passe après la vie, hein ?
Et si, pour y arriver, les personnages risquent à tout instant d'y laisser leur peau, on a la trame d'un suspense trépidant, en BD comme ailleurs.
Les limites de la vie, les limites de la mort
Le pilier de cette équipe d'explorateurs est Madame Fork, richissime excentrique, dont le fils est en coma depuis des années. Elle s'entoure d'une série de scientifiques, de religieux et de militaires afin de former l'équipage idéal pour ce qui pourrait être la plus importante exploration de l'humanité depuis l'expédition américaine vers la lune. L'idée est tout simplement de débrancher les appareils qui maintiennent le fils Fork en vie et, au moment où il décède, de suivre matériellement sa trajectoire à bord d'une sorte de sarcophage spatial. Improbable, sans doute, peu crédible, certainement, mais idéal pour amener les lecteurs à se demander ce qui va se passer par la suite.
Effets de genre
Bajram sait comment mettre la SF en images. Pour cet album, qui tient plus du thriller scientifique que du space-opera, les deux scénaristes ont soigné le tempo : aux scènes d'illumination mystique succèdent bien vite les séquences d'action, où les membres de l'équipage jouent le tout pour le tout. C'est sans doute l'un des ressorts qui rendent à cette histoire addictive : le rythme endiablé qui s'empare de l'album une fois que l'expédition a quitté son entrepôt.
Et ça marche.
Les personnages ont beau être aussi stéréotypés que ceux qui peuplent les films d'action hollywoodiens, le dessin hyperréaliste saturé d'effets spéciaux dispensables et la mise en scène outrageusement excitée (cases qui débordent sur la planche, perspectives chiadées dans des scènes banales, visages aux expressions hystériques), on est happé par l'envie de savoir. Et on ne sait pas, évidemment, vu qu'un seul tome est sorti de presse. Vont-ils tous y passer ? Vont-ils entrer en contact avec une réalité qui les dépasse ?
Encore un peu de patience, il reste 48 planches à dévorer, dès qu'elles débarqueront en librairie.
Nicolas Ancion
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