Les expériences de mort imminente, les fameuses NDE (near death expérience), sont des sujets convenus en SF. Mais le trio Mangin – Bajram – Ponzio arrive à renouveler joliment le genre avec cette Expérience Mort.
Dans un futur proche, en 2017, Une milliardaire, à la tête d’un gros consortium industriel tente une ultime tentative pour renouer un lien avec son fils, en coma végétatif. L’idée est de construire un incroyable vaisseau capable de suivre une âme désincarnée jusqu’aux frontières de l’au-delà (s’il existe…). Pour cela, elle recrute un équipage éclectique : une jeune physicienne à l’origine de la découverte des effets de ce fameux champ, un pilote de l’US air force sorti de Top Gun, un ingénieur juif ayant perdu la foi, ravagé par la mort de sa femme et ses enfants victimes d’un attentat kamikaze en Israël, un membre des forces spéciale – présent aussi pour renseigner la Maison blanche). Et un jésuite prix Nobel de physique qui fera de même pour le Vatican. Trois ans plus tard, l’expérience est lancée. Le tunnel, la lumière blanche,, bien sur, mais aussi son lot de surprises… Vraiment très surprenantes.
Premier bon point, les scénaristes ne s’appesantissent pas sur la crédibilité scientifique de l’expérience (le fameux 1/4 heure d’exposé pseudo-jargonnant qui plombe régulièrement les séries B du ciné fantastique). Deuxième astuce, le léger déplacement de l’action dans le futur autorise aussi les extrapolations et les sauts technologiques.
En revanche, Denis Bajram et Valérie Mangin – comme dans leurs précédentes séries, UW1 introduisent une dimension géopolitique qui donne de la profondeur au récit: sur les implications militaires et religieuses qu’une telle expérience peut amener, et les éventuelles remises en causes existentielles que cela implique. D’ou une expérience menée, comme dans Punk Rock Jésus, sous pression de fanatiques religieux hiystériques. Bonne manière, aussi, de poser leurs personnages, entre la scientifique rationaliste (qui en prologue reprend de volée les thèses fumeuses sur le Saint Suaire de Turin) et le prêtre pragmatique.
Avec l’appui du dessin toujours aussi réaliste (mais plus dessiné, moins « photo-réaliste » ici) et précis de Jean-Michel Ponzio, ils livrent aussi un récit d’action qui tient en haleine de bout en bout, dans une ambiance qui rappelle le voyage fantastique, le fameux roman d’Isaac Asimov devenu un film de Richard Fleischer, qui envoyait lui son équipage au cœur d’un corps humain.
Sans être obligés d’y croire, on a hâte de connaître la fin de ce voyage mystico-scientiste œcuménique. Et c’est une nouvelle occasion de saluer la diversification et l’enrichissement du catalogue des nordistes d’Ankama. Une nouvelle belle prise après la série orchestrée autour des romans de Stefan Wul.
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