Le physicien Gérald Feinberg (1933-1992), est entre autre le découvreur des neutrinos, et on lui doit aussi le terme de "tachyon" (du grec vitesse) qu'il inventa pour désigner les particules hypothétiques (car non prouvées à ce jour, leurs capacités échappent encore aux données même de notre univers sensible) qui se déplacent plus vite que la vitesse de la lumière. Le Champ d'Energie Tachyonique (CET), qui fait se rapprocher les scientifiques de la mystique énergie vitale (prana, chi, énergie cosmique, etc.), est un espace contenant ces particules et leur vitesse est telle que la notion de temps y serait alors nulle pour toutes personnes s’y plaçant volontairement. C'est ce postulat qu'Expérience mort met en œuvre.
Une milliardaire réunie autour d'un projet insensé les plus grands spécialistes pour tenter l'expérience ultime : créer la possibilité d'expérimenter le voyage de la mort. Son fils a été cryogénisé etle vaisseau construit pour le transporter dans l'au-delà, la barque de Râ, doit pouvoir atteindre à un nouveau degré de matière pour passer de l'autre côté tout en restant physiquement là, c'est-à-dire, comme dans la physique quantique, être à la fois à deux endroits différents. La connaissance de la mort, sa "maîtrise", permettrait des avancées scientifiques incommensurables, et notamment de trouver la cause du mal qui ronge le fils tant aimé.
Mais cette aventure ne peut pas laisser les religions indifférentes. Et c'est consciente des enjeux et du blasphème œcuménique qu'ils s'apprête à commettre que l'équipe embarque et... et rien ne va sepasser comme prévu, même si l'expérience va réussir et que l'infrangible barrière va être franchie, et que la barque de Râ, comme celle du passeur, va pouvoir suivre le chemin de l'âme.
Si le thème n'est pas neuf, citons par exemple L'Expérience interdite de Joël Schumacher (1990), la réalisation de cette Expérience mort est absolument sublime, au point que certains dessins impressionnent par leur aspect photographique. Le scénario est solide et très prenant, et le réalisme de cette histoire de science-fiction est tel qu'on reste pantois et admiratif. Cet album comptera.
Loïc Di Stefano
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