Au sujet de : Le Livre de Skell - Chant 1 article paru originellement en avril 2012 www.mythologica.net
Le Livre de Skell, Chant 1
J’ai déjà pu apprécier les qualités de scénariste de Valérie Mangin alors que je lisais Trois Christs. Elle a aussi travaillé, entre autres, sur Le Fléau des Dieux, Luxley ou La Guerre des Dieux. Stéphane Servain, pour sa part, a participé en tant que dessinateur et/ou coloriste sur Les Guerriers du Silence ou Le Traque Mémoire, à titre d’exemple. C’est Valérie Mangin qui a eu l’heureuse idée de faire appel à ses talents pour ce diptyque de fantasy intitulé Le livre de Skell dont le premier volume est le Chant 1. La présentation de l’éditeur est la suivante :
La glorieuse armée du dieu Steh-Vah s’est déployée devant une immense cité en proie aux flammes purificatrices. L’état-major et le peuple sont rassemblés pour une exécution publique majeure, celle du roi hérétique Azolah. Il a osé renier la part divine qui l’habitait, usant de drogues qui ont annihilé le parasite implanté sur sa tête, le privant ainsi de toute communion avec le dieu, et de toute perception de ses Ordres. Or Azolah était un roi puissant qui avait rallié des milliers d’hommes à cet acte impie… Son châtiment doit par conséquent se montrer exemplaire. Skell, la plus fidèle prêtresse-soldat du dieu Steh-Vah, exécute la terrible sentence. Son geste est sûr. Elle est la Justice. Skell est convaincue qu’Azolah châtié, les livres hérétiques saisis dans son palais n’exerceront plus jamais leur insidieuse fascination…
Skell est une des exécutrices du dieu Steh-Vah et à ce titre elle punit les hérétiques. Il convient de rappeler qu’un hérétique appartient à une foi, mais la renie d’une manière ou d’une autre. L’originalité dans ce récit est que les croyants en Steh-Vah reçoivent un implant à la base de la nuque, c’est une part du dieu qui vit avec eux. Les en priver les tue assurément. Il est amusant de trouver en fantasy cette notion de parasite quand on est plus habitué à la voir en science-fiction. Certains individus, jugés indignes, les sans-part, vivent néanmoins dans les cités, mais ils ne bénéficient pas des avantages que le statut de fidèle peut apporter, et d’abord celui de servir le dieu en espérant être un jour appelé à le rejoindre.
Un autre point est intéressant avec cette bande dessinée : la transformation de Skell, d’exécutrice soumise à hérétique, alors qu’elle croit toujours en Steh-Vah. Nous explorons ainsi le côté obscur de la religion, l’obscurantisme qui veut qu’il convienne d’être soumis à un dieu pour profiter de ses bienfaits. La lumière, la connaissance est prohibée dans ce système, car seule la foi est connaissance. Alors quand on souhaite, parce qu’on est humain, tout comme Skell, ne serait-ce qu’apercevoir la vraie connaissance, alors l’hérésie menace.
De nombreuses planches sont consacrées à l’action. Peu de dialogues, mais toujours des paroles judicieusement placées qui vont éclairer le lecteur sur cette société toute vouée à Steh-Vah. Les graphismes sont agréables et Stéphane Servain met à profit ses talents de coloriste pour les rehausser avec ses ambiances. C’est avec grand plaisir que nous suivons Skell et la voyons se libérer peu à peu des ombres de son dieu, au travers des épreuves qu’elle traverse. Elle découvrira certainement les redoutables secrets de Steh-Vah dans le second volume que j’attends avec impatience, car le cliffhanger final nous laisse entrevoir des perspectives inattendues. J’y vois même un clin d’œil, là aussi, à un film de science-fiction devenu un classique. Une lecture originale et captivante.
Chris
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