Au sujet de : Mortemer article paru originellement en juin 2008 www.planetebd.com
Mortemer
Une abbaye hantée transformée en parc d’attraction est le théâtre de sombres desseins. Une union harmonieuse d’auteurs pour un one-shot d’épouvante piquant qui inaugure la collection « Hanté » de Soleil…
L'histoire : En l’an 2049, suite à la noyade de ses parents, le trentenaire Guillaume Debeaune hérite de la propriété familiale de Mortemer, dont la réputation d’être hanté n’est plus à faire. Le jeune homme a même l’idée d’exploiter le concept et de transformer le lieu en un parc thématique dédié aux fantômes. Les visiteurs affluent alors en nombre et se laissent séduire par les nombreuses attractions imaginées pour susciter le frisson. Le public ignore alors que les fantômes de la Dame blanche ou ceux des 4 moines égorgés, qui traversent parfois les murs du manoir, ne sont pas le fruit d’installations holographiques mais qu’ils sont bel et bien des ectoplasmes ! Pour les côtoyer depuis sa plus tendre enfance, Guillaume les sait néanmoins parfaitement inoffensifs. Il a élucidé depuis longtemps leur curieux langage : ils parlent tout simplement à l’envers ! Et à l’aide de l’informatique, il a décrypté leur sinistre litanie : « Assassin ! Tu les as tous tués ». Il se demande juste pourquoi ces fantômes se promènent toujours la tête en bas. Et puis un jour, Guillaume flashe littéralement sur une jeune femme en visite sur le complexe, Céline. Or ce coup de foudre semble réciproque… Il ignore qu’elle est infiltrée par ses quatre frères, intéressés pour piller le légendaire trésor du manoir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD : Mortemer est le premier one-shot à paraître au sein du concept-collection « Hanté » dirigé par Christophe Bec. Pour les besoins de ce scénario d’épouvante, Valérie Mangin s’est inspirée de l’Abbaye de Mortemer, qui existe réellement quelque part en Normandie, et qui trimballe un sacré cortège de légendes fantomatiques (le lieu le plus hanté de France !). Un cahier spécial de photos commentées accompagne le lecteur dans une petite visite des lieux au terme de la première édition, et focalise sur les fondements historiques des mythes utilisés. Si le récit se déroule dans un futur proche (ce qui n’était pas réellement nécessaire…), Mangin n’abandonne donc pas vraiment son bagage universitaire historique. Elle livre une intrigue raffinée, qui se découvre petit à petit, pour une explication finale mitigée… mais qu’il aurait été bien ardue de deviner au départ. Mario Alberti délaisse quant à lui ses séries Morgana et Redhand, pour illustrer de sa patte virtuose cette histoire frissonnante ! En marge d’un dessin impeccable, la lenteur de la narration, la voix-off et le découpage subtil des séquences, s’accompagnent d’effets de brumes, de cadrages inquiétants, de couleurs de peaux systématiquement grises… Mangin et Alberti insufflent conjointement l’ambiance d’épouvante idoine et savent ne pas trop en faire : ils ne tombent jamais dans le piège du grand-guignolesque. A noter, en guise de fil rouge, le dessinateur se livre à un exercice réussi : il illustre à plusieurs reprises, comme un leitmotiv, la même scène selon des angles différents : le corps de Guillaume en habits d’époque, abandonné au milieu des mêmes reliques… Intriguant, non ?
Benoit Cassel
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