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Au sujet de : Abymes
article paru originellement en février 2013
http://www.blog-bd.net/abymes-tome-1/Abymes, tome 1
Début juin 1831, dans sa résidence de Bayeux, Honoré de Balzac découvre une bien triste nouvelle en lisant « La Revue de Paris ». La Peau de chagrin, son nouvel écrit promis à un incroyable succès qui devait paraître sous forme de feuilleton dans le journal, a été remplacé au dernier moment et sans consultation. A la place du premier chapitre tant attendu, un écrit anonyme, une biographie de Balzac mise en image, sans sa permission. Chose troublante, cette biographie décrit les événements avec un incroyable réalisme, jusqu’à raconter même le moment où Balzac, effaré, en fait la lecture...
Dans cette trilogie, comme son titre le laisse envisager, V. Mangin joue avec le procédé de mise en abyme. Jusqu’à quel point ? Nous en jugerons au tome 3. Pour le moment, voici ce que nous savons : trois tomes, trois époques, trois écrits au sujets de trois personnages, trois histoires qui semblent dépendre les unes des autres. Le premier tome traite de l’écrivain Balzac, le deuxième du cinéaste Clouzot, le dernier, et c’est là où, a priori, je tique un peu, de l’auteure-même de cette BD, la scénariste V. Mangin...
Pour l’instant, c’est au sein de cet album seulement que l’on peut juger de l’habileté du procédé et je dois dire que, pour le moment, tout cela est brillamment exécuté ! Voir Balzac découvrir chaque semaine son histoire, alors même qu’il est en train de la vivre, le voir enquêter entre chaque parution sur l’auteur de ces publications est tout simplement captivant. On se prend au jeu face à l’effroi du personnage, à sa folie naissante...
Une véritable enquête nait alors de notre côté également, une réflexion permanente, car comment est- ce possible d’écrire les choses avant même que celles-ci se déroulent ? Qui peut bien être cet auteur mystérieux ? Obligatoirement un proche, pense-t-on assez vite. A-t-il des informateurs infiltrés dans son entourage ? Et surtout, qui peut lui en vouloir à ce point pour souhaiter ainsi sa déchéance, en montrant au public ses secrets les plus inavouables ? Voulue ou non, cette déchéance survient immanquablement ! Tout semble s’effondrer autour de Balzac, progressivement, irrémédiablement, avec un suspens particulièrement haletant...
Ici donc, le concept de boucle, d’abyme est très intelligemment mené. Tout tient parfaitement la route, en étant particulièrement tortueux, complexe et déroutant, juste ce qu’il faut ! Une grande réussite donc à ce premier niveau, jusqu’à cette fin, peut être le seul moment un peu moins emballant de l’album, un peu vaine, un peu évidente, qui laisse pourtant la porte ouverte à un doute persistant, très bien venu...
Du côté du dessin pour finir, c’est Griffo qui se charge de mettre en formes ce premier volume, les deux suivants seront les œuvres de L. Malnati et de D. Bajram. Pas toujours sensible au travail de cet illustrateur, j’ai été ici très agréablement surpris et ce, dès cette couverture que je trouve tout simplement magnifique ! Ambiance parisienne, première moitié du XIXème siècle parfaitement rendue, on baigne littéralement dans cette atmosphère ! Alternance entre ces scènes de journaux « d’époque » et la réalité... Du très bel ouvrage !
C…
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