Cette histoire a d’abord l’avantage de combiner plusieurs genres. Entre bande dessinée historique, enquête policière et univers macabre le scénario puise sa force dans sa faculté à mêler différents styles. On passe de l’enquête menée par Balzac et à la folie qui le guette au récit, teinté d’humour, de ses humiliations. La faiblesse, induite par cette mixité des genres, de ce procédé c’est que le scénario finit par perdre un peu de sa cohérence.
En réalité, cette bande dessinée possède un rythme crescendo qui suit l’état d’esprit du personnage qui prend les choses tantôt avec calme puis avec sérieux au point de perdre le contrôle. En effet, voyant sa ruine sociale se dessiner il finit par se laisser emporter par sa volonté de mettre fin à ce fiasco et aux risques qu’il engendre. Nous avons donc un Balzac qui en plus d’être mis en abyme se trouve luimême au bord de l’abime.
Par ailleurs, malgré les nombreuses arrangements biographiques voulus par l’auteur sur la vie de Balzac, le dessin ultra réaliste de Griffo permet de placer un décor par lequel on se laisse prendre. On a réellement l’impression d’être plongé dans la France et le Paris du 19ème siècle ce qui procure un ancrage plus fort à l’histoire.
Nous regretterons cependant l’image donnée du romancier qui semble subir un procès permanent au fil de l’œuvre. Plus précisément, on décrit Balzac comme un homme abject et on oublie le grand écrivain qu’il a été. Il ne s’agit pas ici de défendre cet homme mais on aurait aimé un avis plus nuancé sur lui pour que l’on puisse s’attacher un minimum au personnage. Effectivement, il en devient tellement repoussant, même d’un point de vue graphique, que l’on est soulagé de refermer l’album pour ne plus le suivre même s’il est vrai aussi que l’on prend plaisir au récit de ses mésaventures.
Au final cette série propose une idée intéressante, l’exploitation de la mise en abyme. Ce premier volume fait bien appel à ce procédé et propose un récit plutôt plaisant à lire. Toutefois, ce procédé est insuffisamment exploité ce qui fait perdre à cette histoire son originalité.
Romain Delannoy
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