Où il sera question de l’incendie de Rome avec Murena de Dufaux et Delaby, et du Saint Suaire avec Trois Christs de Valérie Mangin, Denis Bajram et Fabrice Neaud.Alix, la BD bien connue de Jacques Martin présentait l’antiquité comme un décor. Dans Murena, la série à succès du duo Jean Dufaux et Philippe Delaby, c’est un interminable et palpitant péplum. Murena puise son énergie dans les écrits de Virgile, les films d’Hollywood et les tableaux de Gérôme, le peintre pompier auquel le musée d’Orsay consacre en ce moment une grande rétrospective. Juste retour des choses, les belges Dufaux et Delaby ont été invités par le musée parisien à venir confronter leur regard sur cette Rome des Césars fantasmée avec sérieux.
Le scénariste Jean Dufaux s’en explique par l’exemple. Il a remonté le niveau du Tibre pendant l’incendie de Rome pour mettre en scène la chute des corps dans le fleuve. Cette scène est l’une des plus spectaculaires du chapitre 8, « Revanche des cendres », qui clôt un cycle, mais pas l’histoire de Murena, signé Dufaux et Delaby aux éditions Dargaud.
Valérie Mangin connaît, elle aussi, son histoire. Et pour cause. Diplômée de l’école des Chartes, archiviste-paléographe, elle a très vite choisi d’être scénariste de Bande dessinée, non sans mettre à profit sa formation supérieure. Dans Trois Christs, Valérie Mangin nous propose pas moins de trois moyens d’élucider le mystère du Saint Suaire. Soit Dieu existe, et le linceul retrouvé au moyen-âge est bien celui de Jésus Christ. Soit Dieu n’existe pas, et tout cela tient de la manipulation. Soit…Dieu est radioactif. Oui, oui, radioactif. Sinon, comment comprendre que la datation au carbone 14 du précieux linge donne de si piteux résultats. Valérie Mangin a sollicité Denis Bajram et Fabrice Neaud pour mettre en images ses hypothèses, en leur imposant, pour raconter les trois versions du mystère, de recycler les mêmes cases dans un ordre différend. Joueuse, non, la scénariste. Trois Christs, sous le label Quadrants.
Jean-Christophe Ogier
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